AUX SOURCES DES MOUVEMENTS RADICAUX DANS L'ISLAM
Le monde entier devient de plus en plus sensibilisé à un Islam radical qui menace ses opposants n'importe où ils se trouvent. Est-ce le visage véridique de l'Islam ou une déformation? Ce n'est pas à moi de le dire. On peut concevoir le sens de l'Islam et ses obligations en plusieurs façons et, en cas de conflit d'interprétation entre musulmans, c'est aux musulmans eux-mêmes de se prononcer sur ce qu'ils reconnaissent comme étant l'Islam authentique. Néanmoins, n'ayant pas un magistère (sauf parfois en Shî`isme), ils ne peuvent que faire appel aux textes anciens pour traiter certaines questions qu'ils ne pourront peut-être jamais resoudre.
Je veux tracer ici les origines du radicalisme en Islam. En même temps je montrerai d'autres tendances.
Pendant la vie de Muhammad (1)
Dès le début de sa prédication un conflit s'est produit entre Muhammad et les grands de la Mecque. Muhammad condamna la religion traditionnelle des Mecquois et affirma que ceux qui la suivaient étaient destinés à l'Enfer. Une fois installé à Médine, il attaqua les caravanes des Mecquois, expulsa deux clans de Juifs importants et mit à mort six cents hommes d'un troisième clan. Il envoya des équipes pour assassiner les poètes qui le critiquaient. Il attaqua des tribus nomades et conquit l'oasis de Khaybar. Enfin il força la Mecque à se rendre ainsi que toute la péninsule arabic à se soumettre à son autorité.
Peut-on parler d'un Islam militant? Oui, personne ne conteste les faits. Toutefois, tout commentateur musulman affirme que les gens que Muhammad attaqua étaient des ennemis coupables qui méritaient d'être attaqués. La seule différence d'interprétation est que les commentateurs à tendence apologétique moderne disent que ces ennemis avaient ouvert les hostilités et Muhammad fut obligé de se défendre; tandis que des commentateurs plus radicaux disent que Muhammad même aurait déclenché les attaques pour éliminer la fitna (scandale, dans le sens littéral, situation qui menace la foi des croyants our empêche sa libre extention) et établir le régime de Dieu à partir des lois qur'âniques.
La première guerre civile (2)
Aussitôt après la mort de Muhammad les Arabes bédouins rejetèrent l'autorité de son successeur Abû-Bakr. Les rébelles voulurent bien distinguer entre l'Islam, qu'ils gardaient, et l'acceptation du nouvel état, mais les institutions politiques ne permirent pas une division des arabes à ce moment, et il a fallu à tout pris imposer l'unité de nouveau. Un musulman n'est pas autorisé de combattre un autre musulman, parce qu'ils sont des frères (Qur'ân 49:9-10). Si on doit quand même le combattre, il faut d'abord le priver de son statut d'être musulman. Il est apostat, murtadd (le même terme employé actuellement pour Rushdie, l'auteur des Versets sataniques). La rébellion de ces arabes récemment convertis fut appelée ridda (apostasie) pour justifier la force que Abû-Bakr fut obligé d'employer en repression.
Le Khârijisme (3)
L'accession au pouvoir de `Alî par coup d'Etat en 656 provoqua la deuxième guerre civile entre musulmans. Mu`âwiya, gouverneur de Damas et parent de `Uthmân assassiné lors du coup d'état, refusa de reconnaître le nouveau regime. Pour mettre fin aux combats, `Alî accepta la proposition d'une trève, mais plusieurs de ses partisants l'accusèrent d'avoir trahi l'ordre de Dieu qui l'avait mis au pouvoir. Ces dissidents sont appelés Khârijites. Sans entrer dans les détails et l'étymologie de ce nom, remarquons simplement qu'en condamnant et Mu`âwiya et `Alî, les Khârijites se sont appuyés sur le principe suivant lequel l'obéissance aux précepts du Qur'ân fait parti de la foi, et celui qui désobéit à ces ordonances divines n'est plus musulman. Il est entré dans l'état de kufr (incroyance) et doit être tué. C'est ce que les Khârijites firent à `Alî et son fils Husayn.
Le principe Khârijite, selon lequel la mauvaise conduite (fisq) équivaut à l'incroyance (kufr), est à la base des événements récents comme l'assassinat du Président Sadate en Egypte et le mouvement Maitatsine au Nigéria qui s'est mis en action directe et violente en 1980, 1982 et 1984 contre le pouvoir musulman de cette époque.
Le Khârijisme dans son véritable esprit révolutionnaire, n'a jamais connu une durée stable, mais il reste une idéologie permanente à laquelle les musulmans marginalisés et désespérés peuvent toujours faire appel.
Shî`isme
Les fidèles de `Alî, les Shî`ites, eux aussi ne manquaient pas de s'engager dans l'action directe. L'histoire du Shî`isme est marquée par une alternance entre le pacifisme et l'action de violence. Le principe qui sous-entend cette fluctuation politique apparemment inexplicable est que les Shî`ites doivent suivre l'appel de l'imâm (ou son représentant), qui est parfois un icon indistingué de l'imâm véritable, comme Khomeini), quand il proclame le jihâd. Quand il n'y a pas de représentant reconnu de l'imâm caché (depuis des siècles), les Shî`ites sont dispensés du jihâd et peuvent pratiquer la taqiyya, qui est une sorte de prétention pratique qui leur permet d'accepter passivement le pouvoir actuel, même s'il n'est pas légitime selon les normes Shî`ites.
Le martyre de `Alî et de Husayn ne cesse d'inspirer les Shî`ites jusqu'aujourd'hui. Ils sont prêts à se sacrifier volontiers pour les droits de Dieu et la cause de l'Islam, quand l'imâm les réveille. Cela se produit, par exemple, quand l'Ayatollah (sign/miracle de Dieu) Khomeini, avec l'autorité de l'imâm caché, les appelle à la guerre ou à l'assassinat.
Mais le militantisme Shî`ite est comme un orage qui peut sécouer le monde pour un temps et puis passer quand les circonstances ne sont pas favorables à un appel au jihâd.
Soufisme (4)
Le monde musulman a toujours connu des révolutions, tel fut le cas du grand renversement du pouvoir Umayyad par les `Abbâsids, et des défis continuels des politiciens et militaires opportunistes contre l'autorité du moment. Ces militants font toujours appel à l'Islam pour appuyer leur prétentions. Tout révolutionnaire doit forcément se présenter comme un reformiste islamique. Mais il faut dire qu'un régime fidèle aux principes de justice islamique a toujours été une exception dans l'histoire de l'Islam.
Mais les gens ne sont pas dupes. Souvent, dans leur impuissance politique ou militaire, ces mécontents cherchent le vrai Islam dans le soufisme. Ceci est d'abord un mouvement spirituel en recherche d'une expérience plus profonde de Dieu. A l'orgine il subit peut-être quelque influence du christianisme, mais par la suite il s'inspira de l'exemple de certaines personnes réputées d'être parvenues à la perfection de sainteté. Celles-ci, appelées les "rapprochés" de Dieu, jouissaient d'une autorité immense au sein des masses, faisant contraste souvent avec la force brute des chefs d'Etat.
Comme dans l'Islam la vie spirituelle et la vie quotidienne sont liées, il n'est pas rare qu'un soufi réputé mobilise les gens pour renverser le gouvernment et instaurer un régime reformiste. Cela s'est produit au nord du Nigéria au début du 19ième siècle quand `Uthmân Dan Fodio, appartenant à la confrérie Qâdiriyya, dirigea un jihâd et créa l'empire peul de Sokoto. (5)
Le plus souvent, les confréries, qui ne sont pas des sectes, mais un peu comme les congrégations religieuses chez nous, ne sont pas révolutionnaires, mais assurent une vie communautaire intégrale à ses membres dans la prières, l'éducation, le travail, la santé etc. en réaction contre l'état (musulman ou non) qui néglige ses secteurs.
Le Hanbalisme (6)
Ahmad ibn-Hanbal (m. 855) suivit la ligne de pensée systématisée et diffusée par ash-Shâfi`î (m. 820) qui rejeta tout critère de reglement de la vie et la société autre que la révélation divine. Celle-ci se trouve dans le Qur'ân et les collections de Hadîth (ou tradition). Le Hadîth fut accepté comme révélation parce que, selon ash-Shâfi`î, c'est le récit de ce que Muhammad a fait ou dit, en tant que prophète définitif, infaillible et sans péché, donc modèle moral que tout le monde doit imiter.
Ibn-Hanbal vécut à Baghdad pendant le règne du calif `Abbâsid al-Ma'mûn (813-33), qui fonda la fameuse Bayt al-Hikma, une université et centre de recherche oû l'on traduisait en Arabe les ouvrages des philosophes grecs et l'on développait ces sciences avec le concours des meilleurs cerveaux de l'empire, qu'ils soient musulmans, chrétiens ou juifs. Dans cette ambiance de libre pensée naquit la nouvelle science de Kalâm, une théologie qui utilise la philosophie en présentant les données de la foi dans une forme systématique et apologétique. Dans le cadre du Kalâm, l'école Mu`tazilite, qui prônait le dogme du Qur'ân comme créature de Dieu, fut érigée en doctrine officielle par al-Ma'mûn.
Ibn-Hanbal n'accepta ni cette doctrine qui minimisa l'autorité du Qur'ân, ni l'usage de la philosophie pour la fonder. Avec quelque affinité avec le Khârijisme en sa révérence pour le Qur'ân, il insistait sur son acceptation littérale sans interprétation allégorique ou philosophique. Pour son refus d'accepter la doctrine officielle il fut emprisoné jusqu'à la mort d'al-Ma'mûn.
L'atout majeur d'Ibn-Hanbal fut son influence sur les masses, qui le regardaient comme un saint martyre. Il les mobilisait pour faire des manifestations dans les rues de Baghdad contre toute la libre pensée en vogue. Il s'opposait même à l'Ash`arisme conservateur, parce que cette école théologique osait utiliser le raisonnement philosophique pour élucider la foi. Enfin le caliph al-Mutawakkil fut obligé en 847 de fermer effectivement l'Université Bayt al-Hikma en renvoyant tous les philosophes, les Mu`tazilites et les autres penseurs dangereux.
Le Hanbalisme fut développé plus tard par Ibn-Taymiyya (m. 1328), qui a eu une grande influence jusqu'aujourd'hui, surtout dans la théorie de la société islamique. (7) D'une part les idées d'Ibn-Taymiyya furent reprises par `Abdalwahhâb en la péninsule arabique au 18ième siècle. Le Wahhâbisme Hanbalite est à la base du régime actuel d'Arabie Sa`oudite, d'où il se répand à travers le monde islamique, surtout dans les pays d'Afrique où les musulmans reçoivent des subventions Sa`oudites pour la propagation de l'Islam.
D'autre part, le Hanbalisme d'Ibn-Taymiyya influença le réformisme moderne d'al-Afghânî (m. 1897), de Muhammad `Abduh (m. 1905) et Rashîd Ridâ (m. 1935). (8) Ceux-ci furent des penseurs académiques sans grande influence dans la société. Ecartant la scolastique Ash`arite décadant, ils on essayé de construire une apologétique moderne basée sur un concordisme entre le Qur'ân et les sciences modernes. Selon eux, l'Islam, au contraire du christianisme, exige la libération des femmes et la tolérance religieuse. Le jihâd est uniquement défensif, et le système islamique de gouvernement est démocratique, basé sur la shûra (consultation).
La même ligne de pensée fut continuée par l'écrivain pakistanais, Abû-l-`Alâ Mawdûdî (m. 1979), qui élabora la dimension politique de l'Islam dans un sens plus radical. (9) Il est beaucoup lu au Nigéria.
Au niveau politique, depuis 1928 et plus encore après 1935, Hasan al-Bannâ lança en Egypte l'organisation des Frères Musulmans. Bannâ était ami de Nasser et Sadate et, en dépit de l'assassinat de Bannâ, probablement par la police du roi Faruk, en 1949, les Frères Musulmans continuaient d'accroître et ils aidaient Nasser pour faire sa révolution de 1952. Après, les Frères et Nasser se sont séparés, parce que Nasser ne voulait pas partager le pouvoir avec eux.
Dans ce contexte Nasser perdit le plus influent des Frères, Sayyid Qutb. (10) Emprisoné pour son refus de coopérer avec Nasser, il écrivit un commentaire du Qur'ân qui fut influencé par les idées de Rashîd Ridâ et Maudûdî, mais allait beaucoup plus loin. Interprétant le Qur'ân à la lettre près, il évita l'aggiornamento de Muhammad `Abduh et ses disciples, même Ridâ, qu'il accusa d'avoir subi l'influence des orientalistes chrétiens ou juifs qui auraient déformé l'Islam avec leurs interprétations critiques et tendancieuses.
Selon Qutb, on ne doit pas chercher à confirmer le Qur'ân par les sciences modernes ni à adapter le Qur'ân à la pensée moderne. Au contraire, c'est la science et l'histoire qui doivent céder aux vérités suprêmes du Qur'ân. D'ailleurs, la raison au sens large est inapte à s'exprimer en aucune manière sur la morale et la vie sociale. Ainsi, selon Qutb, toutes les prévisions qurâniques concernant la réclusion des femmes, la polygamie, le divorce, l'inégalité dans l'héritage et le témoignage juridique, sont à maintenir. Pour Qutb, les chrétiens et les juifs n'ont plus le droit à la tolérance prévue dans les verset révélés au début de l'Islam. Ces gens, en revenant au polythéisme, ont rompu le pacte de Dieu et sont incroyants (kâfirûn). Pour cela il faut les combattre, selon le sourate 9:1-35, ce que les Qutbistes continuent de faire aujourd'hui. Qutb ne limitait le jihâd à la guerre défensive, mais en faisait une obligation de chaque individu, qui doit combattre constamment pour l'établissement de la Sharî`a, d'abord dans les sociétés de tradition islamique, et puis dans le monde entier.
Le refus de Qutb d'accepter aucune modification de l'interdiction qur'ânique de l'usure ou aucun intérêt bancaire a suscité un grand mouvement pour établir dans le monde musulman un système bancaire basé sur la participation d'investissement et de profit. Il s'agit d'une sorte de coopérative sans provision d'intérêt fixe.
Qutb attendait le reveil d'un état islamique avec un imâm ou calif vraiment voué à la Sharî`a, ce qui serait le royaume de Dieu sur terre, la vraie utopie.
Qutb fut exécuté en prison en 1966, mais son influence n'a pas cessé de grandir, d'abord en Egypte dans le mouvement encore plus radical, al-Jihâd. Le fondateur de ce mouvement, Muhammad `Abdassalâm al-Farâ, auteur de L'obligation absente, insista sur l'obligation de chaque musulman de combattre pour l'établissement d'un état islamique, ce qui aboutit à l'assassinat du Président Sadate. (11)
Conclusion
L'influence du Hanbalisme radical continue à se répandre parmis les musulmans sunnites à travers le monde.
Commes cas de figure, on peut citer le Nigéria pour illustrer comment tous ces courants radicaux se répandent en Afrique et même dans le monde entier.
On a déjà mentionné le mouvement Maitatsine, d'inspiration Khârijite (et aussi Mahidiste).
Dans ces dernières années un noyau de Shî`ites aussi vient de s'organiser, dirigé par des anciens étudiants en Iran avec l'appui de l'ambassade Iranien. De temps en temps ils organisent des manifestations pour révendiquer auprès du gouvernement des mesures plus islamiques.
Le Hanbalisme, passant par les Wahhabites Sa`oudites et les Qutbistes Egyptiens, s'incarne dans la personne de Abubakr Gumi, grand ténor de l'organisation Jamâ`at izâlat al-bid`a wa-iqâmat as-sunna (Société pour l'enlèvement de l'hérésie et létablissement de la Sunna), ou tout simplement Izala. Cette organisation non seulement combat les chrétiens en réclamant l'établissement d'un état islamique, mais aussi les confréries soufiques et les musulmans de tendance moderniste ou culturaliste. Ainsi on voit non seulement des émeutes dans lequels on brûle les églises, mais aussi des bagarres entre musulmans dans les mosquées.
Qui va remporter dans ce conflit? Les chrétiens ne donnent aucune impression qu'ils vont s'effondrer devant le défi de l'Islam radical. Les musulmans attachés à la tradition soufique ou africaine sont enracinés dans un contexte psychologique et social où la culture africaine demeure constante et agit comme un rempart protecteur en face du radicalisme islamique envahissant. (12)
_____________________________________ 1. Sur la vie de Muhammad, la source de base (en traduction) est A. Guillaume, The life of Muhammad, a translation of Ibn-Ishâq, Sîra Rasûl Allâh (London: Oxford U.P., 1955); cf. aussi W.M. Watt, Mahomet à la Mekke (Paris: Payot, 1959).
2. Sur les événements après la mort de Muhammad, cf. L.V. Valieri, "The Patriarchal and Umayyad caliphates", in The Cambridge History of Islam (London: Cambridge U.P., 1970), vol. 1, pp. 57-103.
3. Cf. ibid. et W.M. Watt, The majesty that was Islam (London: Sidgwick & Jackson, 1974) et The formative period of Islamic thought (Edinburgh: Edinburgh U.P., 1973), passim.
4. Cf. G. Anawati et Louis Gardet, La mystique musulmane (Paris: Vrin, 1968), et Robert Caspar, Cours de mystique musulmane (Rome: P.I.S.A.I., 1968).
5. Cf. Murray Last, The Sokoto caliphate (London: Longman, 1967).
6. Cf. W.M. Watt, The formative period, passim.
7. Cf. Henri Laoust, Le Traité de droit public d'Ibn Taimiyya (Beyrouth: Institut français de Damas, 1948) et Les schismes dans l'Islam, introduction à une étude de la religion musulmane (Paris: Payot, 1965).
8. Cf. Jacques Jomier, Le commentaire coranique du Manâr (Paris: Maisonneuve et Cie, 1954) et Introduction à l'Islam actuel (Paris: Cerf, 1964).
9. Cf. Abû-l-`Alâ Mawdûdî, Fundamental principles of Islamic political theory (Lahore, 1952), Islamic law and constitution (Lahore, 1960), Political theory of Islam (Lahore, 1965) et Towards understanding Islam (Lahore, 1974, 14ième édition).
10. Cf. Olivier Carré, Mystique et politique, lecture révolutionnaire du Coran par Sayyid Qutb, Frère Musulman radical (Paris: Cerf, 1984).
11. Cf. G. Anawati, "Une résurgence du Khârijisme au XXe siècle: 'L'obligation absent'", MIDEO, 16 (1983), 191-228.
12. Pour une vue pareille de l'Islam dans les autres pays de l'Afrique de l'Ouest, cf. Luc Moreau, Les africains musulmans (Paris: Présence africaine, 1982).